13ème dimanche du temps ordinaire (Homélie)
Abbé Jean Compazieu | 23 juin 2019Répondre à l’appel du Seigneur
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L’évangile qui nous est proposé pour ce dimanche nous présente trois visages différents de Jésus : Il décide, avec courage, de prendre la route de Jérusalem. Il renonce à toute violence. Et enfin, il propose des exigences à la foule de ceux qui le suivent.
Premier point : Jésus, homme de courage : à partir de maintenant, dans l’évangile de Luc, les miracles se font plus rares ; les paroles de Jésus se radicalisent. Il va « durcir » son visage et prendre résolument la route de Jérusalem. Il sait que c’est là le lieu de son combat décisif contre la mort. En lisant cet évangile, nous pensons à nos difficultés, nos échecs, nos incertitudes. Quand tout va mal, Jésus est là. Il ne nous abandonne pas. Il nous apprend à ne pas nous laisser aller. C’est avec lui et à sa suite que nous pourrons tenir bon dans la fidélité qu’il attend de nous.
Deuxième point : Jésus, homme de la non-violence : Courageux et déterminé, Jésus est tout autant « doux et humble de cœur ». Un village de samaritain a refusé de recevoir ces pèlerins juifs simplement parce qu’ils étaient juifs. Le rejet de l’étranger est de tous les temps. Jacques et Jean sont indignés : ils proposent à Jésus de punir ce village hostile en appelant le feu du ciel pour le détruire. Cette tentation de la vengeance contre ceux qui nous font du mal est toujours bien présente dans notre monde et notre vie.
Jésus réagit très vivement. Il nous révèle ainsi le vrai Dieu, un Dieu qui nous a créés libres et qui respecte notre liberté jusqu’au bout. Il n’est pas venu pour détruire les pécheurs mais pour les sauver. Sur la croix, il fera cette prière : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Il est le non-violent qui arrête le cercle infernal du mal en le recevant sur lui. Au lieu de punir le village qui a refusé de le recevoir, il s’en va vers un autre. C’est important pour nous qui sommes affrontés au mal en nous et autour de nous. Cet évangile est un appel à demander à Dieu de nous donner sa patience.
Troisième point ; Jésus homme des exigences radicales. Cette non-violence ne signifie pas du tout une molle tolérance. Il est hors de question de relativiser la frontière entre le bien et le mal. Au contraire, Jésus propose des exigences terribles à ceux qui veulent le suivre. Il ne cherche pas à recruter à tout prix. Sans décourager ceux qui veulent le suivre, il met des conditions. Les idées généreuses, ça ne suffit pas. Il faut un appel profond et personnel car c’est l’œuvre du Seigneur et c’est lui qui choisit.
Un homme réclame un délai pour aller enterrer son père : Jésus lui demande de se tourner vers les vivants pour leur annoncer le règne de Dieu. Un autre veut prendre congé des siens. Jésus le presse de marcher à sa suite sans regarder en arrière. À travers ces appelés, c’est nous qui sommes interpellés par le Christ. La vie évangélique ne supporte aucune demi-mesure. Répondre à l’appel de Jésus c’est choisir. Et quand on choisit, on élimine ce qui nous détourne de l’essentiel.
Cet appel du Seigneur rejoint les hommes au cœur de leur vie. Moïse, Amos, David et bien d’autres ont été appelés derrière leur troupeau. Élisée (1ère lecture) était en train de labourer son champ. Il a brulé son attelage et ses bœufs pour suivre Elie et devenir prophète du Seigneur. Sa nouvelle mission sera d’appeler son peuple à la fidélité de la foi. Actuellement, on trouve des religieux, des religieuses, des prêtres qui avaient une belle situation très lucrative. Ils auraient pu faire carrière en tant qu’ingénieurs, médecins, chefs d’entreprise… Ils ont choisi d’y renoncer pour répondre à l’appel du Seigneur.
Saint Paul (2ème lecture) nous rappelle que c’est dans la fidélité au Christ que nous trouvons la vraie liberté. Il nous invite à rejeter les tendances égoïstes de la chair. Cela veut dire que nous devons aller à contre-courant de la mentalité de notre monde et notre milieu. Nous ne devons pas juger d’après ce que tout le monde pense mais d’après le regard du Christ. En nous laissant conduire par l’Esprit Saint, nous serons libérés de nos passions et de l’esclavage du péché. C’est à ce prix que nous pourrons répondre généreusement à l’appel du Christ.
En ce jour, nous te prions, Seigneur. Garde-nous de nous enfoncer dans les fausses sécurités du confort et de la consommation. Entraîne-nous vers l’avenir libérateur que le Père offre à tous tes enfants. Amen
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Sources : Revue Feu Nouveau, Saisons bibliques, lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye), Pour la célébration de l’Eucharistie (Feder et Gorius), documents personnels
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Voici un texte qui servira de méditation à la fin de la messe dans ma paroisse
JM Lapierre
Méditation
L’évangile nous a précisé que le Seigneur invite encore à le suivre.
Jésus vient nous appeler derrière nos charrues c’est à dire au cœur même de notre vie quotidienne en soulignant l’urgence de la mission et les exigences de marcher à sa suite.
Même si cet appel est urgent, nous restons libres de dire oui ou non car être disciple de Jésus, c’est être appelé à faire des choix.
Des choix qui ne sont pas toujours évidents, quand il s’agit de renoncer à des préoccupations qui nous paraissent légitimes car on peut bien dire que Jésus ne fait pas du racolage à bon marché.
Ses exigences – dans l’Evangile de ce jour – semblent inhumaines.
« Laisse les morts enterrer leurs morts » , « Ne regarde pas en arrière » sous entendu : « Tu ne peux pas commencer le prochain chapitre de ta vie si tu relis sans cesse le dernier. »
Des remarques abruptes qui cependant ne doivent pas être prises dans leur sens littéral.
Les réponses un peu choquantes servent à susciter la réflexion chez l’interlocuteur pour l’amener à sortir de ses idées préétablies.
Il serait en effet difficile à croire que Jésus ait refusé à cet homme le droit d’aller faire ses adieux aux siens avant de le suivre.
A nous non plus, Jésus ne demande pas de bafouer les liens familiaux ou la vie sociale, mais ce qu’il nous demande, c’est de mettre notre façon de vivre en conformité avec notre foi : aider les pauvres, prendre soin des malades, rendre visite aux personnes seules ou encore faire preuve de bonne volonté et d’amour envers tout le monde.
Le Christ nous laisse la liberté de choisir quelle vie nous voulons mener et si nous désirons le suivre ou non.
Mais suivre le Christ, ce n’est pas simplement faire partie d’un quelconque fan-club de Dieu. Suivre Jésus, c’est avoir part à ses promesses, mais c’est aussi prendre un engagement clair et solide et y rester fidèle.
Accepterons-nous de renoncer à nos sécurités, nos attachements pour nous revêtir du tablier du serviteur ?
Puissions-nous être de vrais disciples qui ne se contentent pas de belles paroles, mais qui le manifestent par leur démarche en se mettant au service des uns des autres.
Merci pour cette méditation